THEMATIQUES

Thématiques de recherche

Ces dernières années, des questions centrées sur les interactions homme-faune sauvage, émergent de la part des gestionnaires-décideurs et sont reprises par la communauté scientifique. C’est particulièrement vrai dans le cas des grands herbivores sauvages soupçonnés, par exemple, d’avoir un rôle important dans l’émergence ou la ré-émergence de zoonoses. L’unité utilise ses compétences sur l’étude des populations d’herbivores sauvages et prend une part active dans des projets de recherche ciblés sur les interactions homme-ongulés sauvages. Des collaborations ont été engagées dans ce sens auprès d’équipes spécialisées (épidémiologie, immunologie, écologie de la peur).

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Thèmes de recherches

Ecologie du mouvement

Comportement individuel

Les populations naturelles sont composées d'individus qui diffèrent entre eux par un ensemble de traits (morphologiques, physiologiques, comportementaux…). Ces différences individuelles peuvent présenter une stabilité (répétabilité) remarquable dans le temps et à travers différents contextes (personnalité ou syndrome comportemental). Ignorée par le passé car souvent assimilée à du bruit de fond, cette hétérogénéité dans les traits individuels  et leur covariation sous-tend des tactiques d’histoire de vie alternatives qui, tout en limitant la plasticité des individus, maintient un niveau de variabilité dans la population. Cette source de variation peut être le résultat de compromis évolutifs, par exemple, entre la reproduction immédiate et la reproduction future, qui détermine la prise de risque immédiate. Dans le cadre du comportement individuel, cette covariation , si elle est héritable, pourrait limiter la plasticité des réponses des individus et des populations aux perturbations de leur environnement.

 Afin de traiter cette thématique de recherche le plus efficacement possible, nous organisons nos études selon deux types d'approches:

1/  l’étude des mécanismes proximaux par lesquels l'individu,  sur la base des contraintes notamment physiologiques qui définissent son tempérament à la naissance, va ajuster son comportement selon le résultat de ses expériences de vie et établir la personnalité qui le caractérisera au cours de la phase adulte. Ces aspects sont abordés au sein de notre station expérimentale de Gardouch.

2/ l’étude des résultats de tels ajustements en termes individuels et populationnels afin de pouvoir modéliser les réponses selon ces deux dimensions et à différentes échelles.  Ce type d'approche est développé sur notre site in natura.

Relations sociales

L’étude de l’organisation socio-spatiale d’une espèce tout au long du cycle annuel et dans différents contextes écologiques est un élément majeur permettant de comprendre les relations existant entre les individus et leur environnement. De plus, la façon dont les populations s’organisent influe sur l’abondance et la distribution des animaux dans l’espace, pouvant conduire à une structuration génétique des populations, et constitue ainsi un élément déterminant pour les décisions de gestion ou de conservation.
Nos études portent actuellement sur l’organisation socio-spatiale d’une population pyrénéenne d’isards et sur celle d’une petite population expérimentale de chevreuils.
Sur l’isard, le suivi à long terme par observation directe d’individus marqués nous a permis d’analyser les réseaux sociaux entre femelles d’une même unité hivernale, notamment en fonction de leur comportement spatial (migrantes vs sédentaires), la transmission mère-jeune des habitudes spatiales, et les relations entre mâles (migrants vs sédentaires, territoriaux vs non territoriaux).

Chez le chevreuil, dont les mâles sont territoriaux de mars à août, quelles que soient les conditions écologiques dans lesquelles ils vivent (milieux tempérés forestiers, fragmentés, ouverts, méditerranéen, de montagne, boréal), nous avons mis en évidence, en conditions expérimentales, l’intolérance spatiale entre femelles de mai à août, et la dépendance de l’organisation spatiale entre chevrettes par rapport à celle entre brocards. Nous testons actuellement le rôle de l’âge des femelles, de la présence d’un ou plusieurs mâles, et de la présence de jeunes sur l’organisation socio-spatiale des chevrettes.

Stress / Pathogène / Alimentation

Démographie /Traits d’histoire de vie

Les stratégies d’histoire de vie (sensu Stearns 1992) décrivent la covariation des traits de vie de l’animal, en incluant la naissance, la croissance, la maturation sexuelle, le succès reproducteur et la mort, et comment ces traits sont influencés par l’environnement physique et biotique. Nous cherchons à comprendre comment la reproduction et la survie varient dans le temps et l’espace et en quoi cela influence la dynamique de population. D’un point de vue évolutif, nous essayons de comprendre comment ces traits se combinent pour déterminer la valeur adaptative individuelle. Chez les grands herbivores, la survie juvénile est un facteur clé, parce que les nouveau-nés sont extrêmement sensibles à la prédation et aux mauvaises conditions climatiques. Par suite, leur survie fluctue fortement avec les variations spatiales de la qualité de l’habitat (densité-dépendance) et les variations climatiques interannuelles (effet cohorte), mais aussi selon leur mère et la qualité de leurs soins. De plus, les juvéniles peuvent effectuer une dispersion natale avant leur première reproduction qui conditionne les flux de gènes et la structure spatiale des populations. Par conséquent, nous sommes particulièrement intéressés par la phase juvénile (survie, croissance, dispersion) que nous étudions par capture-marquage-recapture, télémétrie (colliers VHF et GPS) et marqueurs génétiques (e.g. recherche de paternité). Nous avons aussi commencé à exploiter de nouvelles avancées technologiques pour étudier les relations mère/jeune et l’investissement maternel (en utilisant des capteurs de proximité) et pour mieux décrire les comportements associés (accéléromètres). En suivant les animaux de la naissance à la mort, nous essayons de comprendre les liens et les compromis évolutifs qui gouvernent les trajectoires individuelles d’histoire de vie.

Impacts

Aide à la gestion des populations

En raison de l’inexactitude et des biais dans l’estimation des populations de grands herbivores, les « indicateurs de changement écologique » (ICE), qui permettent de surveiller les changements dans l'abondance et l'état corporel des animaux, ainsi que dans leur impact sur leur habitat, constituent une alternative très intéressante.

Nous avons utilisé un ensemble d'indicateurs pour suivre l’état de la relation entre une population de chevreuils et son habitat, lors d'une augmentation significative de la pression de chasse dans une forêt sur-pâturée de 12,1 km² : l'indice kilométrique d’abondance, le taux d'ovulation des femelles adultes, la masse corporelle et la longueur de la mandibule des jeunes de l’année, et un indice de consommation de la flore. Suite aux informations obtenues par ces indicateurs, la densité des chevreuils a été fortement réduite jusqu’à un niveau qui a permis d’améliorer la régénération forestière et la condition physique des animaux, tout en permettant une gestion durable par la chasse.

Sur la base de cette expérience réussie, il apparaît que les indicateurs renseignant sur l'abondance et l'état corporel des animaux, ainsi que sur leur impact sur l'habitat, sont complémentaires et nécessaires pour obtenir l'information nécessaire pour gérer durablement les populations. Cependant, la non-linéarité et la sensibilité des ICE aux fluctuations environnementales doit conduire les gestionnaires à tenir compte des valeurs obtenues sur au moins trois années consécutives pour interpréter correctement leurs variations.

Voir aussi

Dans le schéma de centre de Toulouse le C.E.F.S. s’inscrit dans l'axe 6 : Agro-écologie des territoires agricoles et forestiers qui associe des unités qui travaillent en écologie (Agir, Dynafor), mais aussi en sciences sociales ou en Biométrie et Intelligence Artificielle. Des collaborations effectives ont été établies avec les unités de recherche en biométrie en écologie. Les relations sont également étroites avec le Centre de Biologie et de Gestion des Populations de Montpellier qui héberge M. Galan, ingénieur d’étude en biologie moléculaire, rattaché conjointement aux deux unités de recherche. Celui-ci est chargé de l'acquisition de technologies innovantes en biologie moléculaire et encadre la production des données moléculaires pour le CEFS (mise au point de marqueurs moléculaires, typage, formation des étudiants).