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Projets de recherche

Projets de recherche

AnthropoFEAR (ANR 2024 – 2028)

Porteuse : Nadège Bonnot (INRAE, CEFS)
Le projet AnthropoFEAR étudie comment les interactions prédateur-proie sont modifiées par l'anthropisation, notamment à travers l'étude des tactiques comportementales adoptées par les proies herbivores face à un risque accru de prédation dû au retour des grands carnivores dans les paysages contrastés d'Europe. En étudiant les réponses comportementales des populations de proies en relation avec une empreinte humaine variable, les objectifs du projet AnthropoFEAR sont triples : évaluer les variations des réponses anti-prédatrices des proies en fonction des pressions prédatrices prévalentes (chasse, grands carnivores, les deux) ;
  examiner le degré de variabilité interindividuelle des réponses anti-prédatrices afin de quantifier le potentiel au sein de la population pour les proies d'ajuster leur comportement à de nouveaux contextes de prédation ; établir le potentiel des effets en cascade de la peur des grands carnivores et des humains sur le comportement des proies et, par conséquent, sur les plantes qu'elles consomment. Pour atteindre ces objectifs, nous nous concentrons sur le chevreuil européen (Capreolus capreolus), le plus grand herbivore sauvage d'Europe, qui est largement chassé et proie pour des prédateurs tels que le lynx (Lynx lynx) et le loup (Canis lupus). Nous exploitons i) des ensembles de données exceptionnels provenant de programmes de surveillance à long terme, combinés à ii) des approches expérimentales conçues pour acquérir de nouvelles informations sur trois zones d'étude principales qui diffèrent en termes de risque prédominant de prédation (lynx, loup, chasse), iii) une base de données européenne sur le comportement spatial des chevreuils, afin d'analyser la variation intra- et inter-populationnelle de leur comportement anti-prédateur.

CARRY-Move (ANR 2024 – 2028)

Porteur : Nicolas Morellet (INRAE, CEFS)
Le projet CarryMove se concentre sur la relation entre les conditions de vie précoces et le développement du comportement de mouvement et ses conséquences sur les performances démographiques chez les grands herbivores, tout en tenant compte de la variation des stratégies de cycle de vie entre les espèces. Plus spécifiquement, CarryMove vise à (i) quantifier les effets des conditions de vie précoces sur l'ontogénie des comportements de mouvement et l'utilisation de l'espace qui en résulte, (ii) déterminer comment le parcours de vie se développe par des effets de report en réponse à ces conditions précoces, mais aussi en réponse aux conditions rencontrées plus tard dans la vie, par l'expérience et en relation avec des événements clés du cycle de vie (par exemple, la dispersion natale, les tentatives de reproduction) et, en fin de compte, (iii) évaluer comment le parcours de vie se traduit en performance individuelle. Enfin, nous (iv) évaluerons l'influence des facteurs structurant la variation du cycle de vie (par exemple, cycle de vie lent vs rapide, reproduction basée sur les revenus vs le capital, niveau de socialité) sur la manière dont les comportements de mouvement à l'âge adulte sont liés aux conditions de vie précoces chez les grands herbivores. En maximisant la durée et l'étendue du suivi individuel, idéalement de la naissance à la mort, nous cherchons à élucider comment le comportement de mouvement se développe à différentes échelles spatiales et temporelles et en relation avec les changements environnementaux.

DivInT (ANR 2024-2028)

Porteur :  Jean-Michel Gaillard (CNRS, LBBE)
Coordinateur CEFS : Mark HEWISON (INRAE, CEFS)

L'étude de la biodiversité est un sujet majeur dans les recherches en écologie et évolution mais la diversité observée dans les trajectoires individuelles des traits d'histoire de vie reste méconnue. L'objectif de DivInT est de combler cette lacune en (1) intégrant les données disponibles pour construire les trajectoires individuelles de traits dans des populations très contrastées de vertébrés, (2) analysant de façon standardisée la variabilité de ces trajectoires pour un trait donné et entre les traits, (3) mesurant la diversité observée des trajectoires de traits phénotypiques et de composantes de la valeur sélective, (4) identifiant les facteurs générant cette diversité and quantifiant leur impact sur le taux de croissance de population, et (5) quantifiant la contribution relative du hasard, des contraintes, et des adaptations pour générer les variations de trajectoires individuelles à l'intérieur et entre populations.

EVORA (ANR 2022-2026)

Porteur : Jean-François LEMAITRE (CNRS, LBBE)
Coordinateur CEFS : Mark HEWISON (INRAE, CEFS)

La sénescence de reproduction - le déclin des performances de reproduction avec l'âge - est un processus biologique très répandu dans la nature et associé à de profondes implications biologiques, démographiques et sociales. Pourtant, nos connaissances sur les causes et les conséquences évolutives de la sénescence de reproduction restent particulièrement fragmentées. Ce manque de connaissances prend sa source dans l’absence d’études empiriques réalisées chez les mâles, alors qu’une compréhension fine du processus de sénescence de reproduction nécessite de prendre en compte la complexité des interactions liant la sénescence de reproduction des mâles à celle des femelles. L'objectif d’EVORA est d'obtenir une compréhension intégrée des causes évolutives de la sénescence de reproduction chez les mâles et de ses conséquences pour les femelles, à différents niveaux d’organisation biologique et dans des conditions environnementales contrastées.
Tout d'abord, nous effectuerons une recherche bibliographique approfondie afin de compiler les données de reproduction âge- et sexe-spécifiques publiées chez les mammifères. Nous quantifierons ensuite la diversité des patrons de sénescence de reproduction observés en estimant pour les mâles et les femelles de chaque espèce l'âge de début de sénescence ainsi que le taux de sénescence de reproduction. Nous déterminerons ensuite les facteurs écologiques et les traits d'histoire de vie qui influencent l'apparition de la sénescence de reproduction et façonnent la diversité des trajectoires observées, en utilisant des analyses comparatives prenant en compte la phylogénie.
Nous analyserons ensuite les causes évolutives de la sénescence de reproduction des mâles par l’étude de deux populations sauvages et non chassées de chevreuils (Capreolus capreolus). Ces deux populations présentent des conditions environnementales contrastées et les individus qui les composent sont suivis individuellement depuis plus de 40 ans. Nous organiserons des captures estivales afin de collecter de nouvelles données sur les traits pré-copulatoires (ex : sécrétions des glandes odorantes, morphologie des bois) et post-copulatoires (ex : quantité et la qualité des spermatozoïdes) pendant la période du rut. Nous testerons ensuite des prédictions issues des théories évolutives du vieillissement, en examinant, toujours chez les mâles, si une forte allocation à la croissance et à la reproduction en début de vie est associée à une sénescence de reproduction plus précoce ou plus intense. De plus, nous explorerons si ces associations sont modulées par les conditions environnementales et médiées par une dégradation de la condition somatique (évaluée par divers marqueurs de la sénescence, tel que l'âge épigénétique ou la longueur des télomères).
Enfin, nous identifierons les conséquences évolutives de la sénescence de reproduction des mâles pour les femelles. Dans un premier volet, nous quantifierons le coût pour les femelles de s'accoupler avec des mâles d’âge avancé en analysant la santé et la survie des faons. Dans un second volet, nous testerons l’hypothèse que des contre-adaptations permettant aux femelles de diminuer les coûts associés à la sénescence de reproduction des mâles ont évolué chez les femelles. Dans ce contexte, nous testerons si les femelles peuvent identifier les mâles souffrant d’une sénescence de reproduction marquée par le biais d’odeurs émises par ces mâles (en utilisant les sécrétions des glandes recueillies chez les mâles des deux populations sauvages).
Basé sur une combinaison unique de données comportementales, physiologiques, génétiques et de traits d’histoire de vie chez les deux sexes, le projet EVORA permettra d’obtenir une compréhension fine des causes et conséquences évolutives de la sénescence de reproduction. Ces travaux menés chez un mammifère longévif et en milieu naturel ouvriront de nouvelles perspectives de recherches aussi bien pour la biologie évolutive que pour la biogérontologie.

HomeR (ANR 2024-2028)

Porteur : Nathan Ranc (INRAE, CEFS)
Le projet HomeR vise à comprendre les modèles, les mécanismes sous-jacents et les conséquences comportementales de la formation des domaines vitaux (HR) chez les mammifères sauvages. Pour ce faire, nous employons une approche expérimentale in natura, en tirant parti des translocations de la faune passées et futures réalisées dans le cadre de programmes de conservation ou de manipulations expérimentales dédiées. Nous proposons ici quatre approches pour éclairer les aspects critiques et complémentaires de la formation des HR :
    1. Modèles – Comment les facteurs environnementaux, les traits individuels et les caractéristiques des espèces interagissent-ils pour influencer les modèles de formation des HR ? Nous testerons une série d'hypothèses concernant le rôle et la généralité des facteurs biologiques influençant les variations intra- et interspécifiques des modèles de formation des HR en menant une analyse globale multispecies des mouvements des mammifères terrestres transloqués (Work Package 1, WP1).
    2. Mécanismes sous-jacents – Comment la mémoire, les préférences en matière de ressources et les interactions avec les congénères influencent-elles ensemble la formation des HR ? Nous formulons l'hypothèse que les HR émergent de mouvements basés sur la mémoire reflétant les influences conjointes des ressources (Van Moorter et al. 2009; Ranc et al. 2022) et des congénères (Ellison et al. 2020). À cette fin, nous élaborerons un modèle mécaniste général de formation des HR et l'appliquerons à une population intensivement surveillée d'animaux transloqués (WP2).
    3. Mécanismes sous-jacents – Comment les expériences passées contraignent-elles la formation des HR dans des environnements nouveaux ? Nous émettons l'hypothèse que les préférences d'habitat antérieures (Stamps & Swaisgood 2007) et la plasticité comportementale (Dingemanse et al. 2010) influencent ensemble la manière dont les animaux forment les HR dans des environnements nouveaux. Pour ce faire, nous comparerons le comportement des individus surveillés avant (c'est-à-dire, région d'origine) et après la translocation (WP3).
    4. Conséquences comportementales – Comment les expériences accumulées lors de la formation des HR influencent-elles les comportements clés déterminant la performance individuelle ? Nous formulons l'hypothèse que les expériences accumulées améliorent l'efficacité individuelle en termes d'acquisition de ressources (comme attendu par la théorie de la quête optimale; McNamara & Houston 1985) et d'évitement des risques (Heathcote et al. 2023), entraînant une dépense énergétique globale moindre. Pour ce faire, nous comparerons le comportement des animaux transloqués et résidents surveillés simultanément dans un même paysage (WP4).
Pour atteindre ces objectifs, HomeR se concentre sur les mammifères terrestres, qui ont fait l'objet d'efforts de translocation importants à l'échelle mondiale (Evans et al. 2023), et pour lesquels il existe une abondance de données sur les mouvements post-translocation. Le projet s'articule en outre autour de deux systèmes d'étude de grands herbivores – une translocation de bouquetin ibérique (ibex, ci-après; Capra pyrenaica) dans les Pyrénées françaises et une translocation expérimentale de chevreuil européen (Capreolus capreolus) dans le sud-ouest de la France – offrant chacun des opportunités uniques pour la recherche expérimentale sur la formation des HR.

PyrTicks (Interreg POCTEFA 2024-2027)

Porteur : Laurent Soulier (LPL)
Coordinateur CEFS : Vincent Bourret (INRAE, CEFS)

Les tiques posent un sérieux problème de santé publique, notamment dans les milieux ruraux, et on trouve sur le territoire POCTEFA différentes tiques qui peuvent transmettre des maladies graves. Du fait du changement climatique, le territoire risque aussi d'être colonisé par des tiques originaires de zones plus sèches, transmettant d'autres virus, tels que le virus responsable de la Fièvre Hémorragique Crimée-Congo. Cependant, sur le territoire, il n'y a pas à ce jour d'échantillonnage systématique ni de réseau commun de recherche, ce qui rend déficiente notre compréhension de la
distribution des tiques et des maladies qu'elles transmettent. Cette situation nous empêche d'anticiper le risque qu'elles représentent pour les habitants et les visiteurs de la région. PyrTick mettra donc en place une coordination des groupes de recherche dans les Pyrénées, pour créer un réseau de surveillance pérenne et harmonisée. Cela permettra la réalisation de cartes d'abondance et de risque actuel, des cartes prédictives selon différents scénarios de changement climatique, ainsi que des actions de sensibilisation. Les maladies transmises par les tiques étant transfrontalières, elles
doivent être étudiées par-delà les frontières politiques. De plus, le fait de travailler sur différents versants de l'environnement pyrénéen, qui diffèrent en termes de pluviométrie, de végétation et de méthodes de gestion, nous permettra de répondre aux questions de recherche posées avec une plus grande précision. Ce projet aura donc des répercussions positives et durables en termes de santé publique, tant pour les habitants des Pyrénées, notamment les travailleurs qui interviennent dans le milieu naturel ou agricole, que pour les visiteurs qui se rendent dans les Pyrénées aux époques où la tique est active. Ce réseau de surveillance harmonisé aura vocation à être maintenu dans le temps,
au-delà des trois années du projet PyrTick, pour une maîtrise durable du risque sur le territoire POCTEFA.

Solubiod (PEPR 2023 - 2032)

Porteuse INRAE : Annie Ouin (INRAE, DYNAFOR)
Coordinatrice CEFS : Hélène Verheyden (INRAE, CEFS)

Vous travaillerez avec l’équipe interdisciplinaire et inter-organismes du Living Lab « Gascogne » du PEPR sur les Solutions fondées sur la nature « SoluBiod », financé par le programme France Relance 2030. Le PEPR « SoluBiod » a pour objectif d’innover avec la nature pour des impacts positifs sur la biodiversité, la société et l’économie (https://www.pepr-solubiod.fr/). La recherche sur les solutions fondées sur la nature (SfN) doit prendre en compte la grande complexité des systèmes naturels et anthropisés et donc l’incertitude des prédictions sur les trajectoires de ces systèmes, tout en ayant des objectifs opérationnels de fonctionnement écologique permettant le bon fonctionnement de bouquets de services (qualité de l’eau, maintien du trait de côte, protection et pollinisation des cultures, réduction des îlots de chaleur en ville), de durabilité économique et de préservation de la biodiversité. Pour atteindre ces objectifs, la recherche sur les SfN doit s’appuyer sur toutes les formes de connaissances (théoriques, expérimentales, pratiques) et reposer sur une co-construction des connaissances entre les scientifiques, les acteurs du territoire. Les living labs (LL) sont des structures de recherche collaborative regroupant des acteurs publics, privés, des entreprises, des associations et des acteurs individuels sur un même territoire et qui sont adaptés à ce type de recherche

Date de modification : 16 juillet 2024 | Date de création : 04 novembre 2016 | Rédaction : YC